"Le Corbusier voit loin, bien au-delà de ce qui a pu être imaginé jusqu’alors en archi- tecture. Il bouleverse littéralement tout ce qui en constituait depuis longtemps les bases, pour revenir à une sorte de primitivisme, tout au moins de classicisme, soit : à la base des besoins de l’homme.

L’architecture s’est longtemps transmise par le biais de conceptions viciées. Pour faire de la nouveauté, du style, cédant à l’ornement, on est allé à l’encontre de nos besoins naturels. Il faut enfin rétablir une esthétique rationnelle, et donc humaine. Revenir à la géométrie, aux tracés régulateurs, à la mesure de l’homme. S’éloigner des contingences, du pittoresque, dégager une invariablité, des lois générales, établir des standards. Appliquer à la lettre cette loi de la géométrie qui fait écho à notre axe interne, puisque, l’architecte en est convaincu, « la plus haute délectation de l’esprit humain est la perception de l’ordre et la plus grande satisfaction humaine est la sensation de participer à cet ordre 5 ».

C’est sur ce point que les conceptions architecturales de Le Corbusier rejoignent parfaitement sa pratique picturale, lorsqu’il fonde, avec Amédée Ozenfant le purisme,définietdéfendudanslarevueL’EspritNouveau qu’ilsanimentensemble à partir de 1920. Puisque l’économie n’est pas seulement la loi de la machine, mais aussi celle de la sélection naturelle, alors logique et géométrie sont les guides, dictant la loi générale et l’intérêt supérieur sur lesquels fonder la pratique artistique."

Extrait du catalogue de l'exposition